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Par madworlds, le 24.09.2010
j'adore!!!http ://http://lull y.eklablog.com .centerblog.ne t
Par Lutine, le 23.09.2010
oui , je comprends .
Par cat, le 17.09.2010
hé bien, je compte bien continuer même si certains week-end se prolongent un peu trop !http://madwor lds.cente
Par madworlds, le 26.07.2010
continue surcettelancé e...on ne sais jamais ce sue l'avenir te réserve...fai s tout de même attention à l'ort
Par sylviane, le 21.07.2010
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Date de création : 16.07.2010
Dernière mise à jour :
12.02.2016
72 articles
Pour Marx, le capitalisme était l'ennemi, une façon dite « civilisée », de réduire l'ouvrier en esclavage. Cependant, que dirait-il à présent, en voyant la naissance du néolibéralisme, fils bâtard du communisme et de ce capitalisme qu'il abhorrait ?
« Il exécute l'un sur son champ à lui et l'autre sur la terre seigneuriale. Les deux parties du temps de travail existent ainsi l'une à côté de l'autre d'une manière indépendante. Sous la forme de corvée, le surtravail est rigoureusement distinct du travail nécessaire. Cette différence de forme ne modifie assurément en rien le rapport quantitatif des deux travaux. Trois jours de surtravail par semaine restent toujours trois jours d'un travail qui ne forme aucun équivalent pour le travailleur lui-même, quel que soit leur nom, corvée ou profit. Chez le capitaliste, cependant, l'appétit de surtravail se manifeste par son âpre passion à prolonger la journée de travail outre mesure; chez le boyard, c'est tout simplement une chasse aux jours corvéables. »
Dans cet exemple, tiré directement de « Le Capital », le temps de travail est divisé en deux parts égales, l'une pour le travailleur, l'autre pour son seigneur. Cependant, cela n'est rien comparé aux extrêmes qu'il est désormais possible d'atteindre. Le cumul des prêts, taxes, assurances et dépenses annexes, peut, en effet, rapidement atteindre des niveaux proprement ahurissants. Selon Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de l'OFCE, en Juin 2006 : « L'endettement des Français atteint à peu près aujourd'hui 65 % de leurs revenus, ce qui est faible quand on le compare à l'endettement des Américains ou des Britanniques, ce qui montre qu'il y a encore une marge très large d'endettement en France. »
Plus de la moitié du revenu, donc. Ce qui signifie que ces gens vivent avec des biens ne leur appartenant pas, achetés avec de l'argent « prêté », tout comme le seigneur prêtait son champ au serf. Il est également intéressant de constater que nombre d'organismes de prêts appartiennent aux mêmes groupes que ceux pour qui travail le salarié, bouclant donc cette boucle.
L'on peut toutefois discerner une différence fondamentale entre la multinationale et le seigneur moyen-ageux : l'endetté peut payer sa dette, alors que le serf travaillera pour rien durant toute sa vie. Toutefois, cette différence n'en est pas réellement une, car un serf, s'il devenait suffisamment riche, pouvait se libérer de ses corvées en payant une taxe appropriée. Ces « bourgeois s » en vinrent même plus tard à faire travailler les autres en leur louant leurs installations. Plus tard, ces même bourgeois travailleront à se débarrasser des seigneurs, et finiront par les remplacer. On peut voir ici ce qui peut être perçu comme un cycle.
En effet, le système féodal reposait sur un droit de naissance, offert par une divinité. En démocratie, ce droit est offert par le peuple à des représentants élus. Au delà de cette différence, les fonctions en elles même ont beaucoup de similitudes : gestion de la sécurité, de l'économie, de la justice, etc. Aujourd'hui, aux U.S.A, mais également partout dans le monde, plus ou moins officieusement, des multinationales financent des partis, des campagnes. Elles s'assurent ainsi de ne pas avoir à se débarrasser d'un gouvernement gênant, puisqu'elles financent les intérêts des leurs. Comment peut-on alors croire en l'indépendance des hommes politiques ? Tout comme le bourgeois aisé pouvait venir en aide financièrement à son seigneur contre des largesses, les multinationales financent leurs candidats contre ces même avantages. Ces sociétés, toujours à la recherche de profits, détournent ou contournent ainsi les lois, sans pour autant en être inquiété. C'est ainsi que l'on en arrive à des abérations, comme en Chine, ou des sociétés exploitent presque ouvertement la misère des travailleurs. Un article paru dans Businessweek en Novembre 2006 explique le fonctionnement sur le terrain d'usines chinoises : dépassements d'horaires, travail d'enfants, salaires misérables, etc. La plupart d'entre elles possèdent ainsi deux livres de compte, le « réel », et celui pour les visiteurs des entreprises extérieures en visite. Ces pratiques sont connues, et il est impossible que les entreprises concernées ne puissent avoir de soupçons sur l'honnêteté de leurs partenaires. Et quand bien même ils n'auraient pas été au courant de tout, les salaires dérisoires des employés chinois parlent déjà d'eux même...
Un court extrait de l'article en question :
« BusinessWeek reviewed summaries of 28 recent industry audits of Chinese factories serving U.S. customers. A few factories supplying Black & Decker, Williams-Sonoma, and other well-known brands turned up clean, the summaries show. But these facilities were the exceptions.
At most of the factories, auditors discovered records apparently meant to falsify payrolls and time sheets. One typical report concerns Zhongshan Tat Shing Toys Factory, which employs 650 people in the southern city of Zhongshan. The factory's main customers are Wal-Mart and Target. When an American-sponsored inspection team showed up this spring, factory managers produced time sheets showing each worker put in eight hours a day, Monday through Friday, and was paid double the local minimum wage of 43 cents per hour for eight hours on Saturday, according to an audit report.
But when auditors interviewed workers in one section, some said that they were paid less than the minimum wage and that most of them were obliged to work an extra three to five hours a day, without overtime pay, the report shows. Most toiled an entire month without a day off. Workers told auditors that the factory had a different set of records showing actual overtime hours, the report says. Factory officials claimed that some of the papers had been destroyed by fire. »
Pour la plupart des néo-libéraux, la Chine est le pays le plus souvent prit en exemple. Le travailleur chinois est considéré comme une sorte de héros, ne se plaignant jamais, capable de produire des masses de travail incroyable. « Travailler plus pour gagner plus », voilà une belle formule. L'ouvrier chinois ne pourrait pas en faire plus, et il ne gagne jamais plus. Le payer « normalement » serait alourdir les coûts, augmenter les prix de production, et « forcerait » les investisseurs étrangers à se tourner vers des pays encore moins regardants sur le code du travail.
De par nos contrées, il faut lire cela ainsi : « Travailler plus pour gagner plus, oui, mais afin de pouvoir conserver le train de vie que l'on avait déjà ». Travailler pour rembourser, et donc, comme le serf du moyen-age, servir son seigneur, ou plutôt ses seigneurs, la multiplication des prêts étant un phénomène grandissant.
Et que se passe t'il quand on est incapable de payer ses dettes ?
A Rome comme chez les aztèques, un seul moyen : l'esclavage. Le travailleur n'est plus libre de ses choix, tout ce qu'il devient capable d'accomplir, c'est travailler pour rembourser. Si ses dettes sont légères, il peut assez rapidement racheter sa liberté, si ce n'est pas le cas, il mourra surement esclave. Cependant, le code tezcucan, ensembles d'une lois d'une nation, qui, rappelons le, pratiquait le sacrifice humain, précise que les enfants des esclaves naissent libres, et que les esclaves peuvent posséder des biens, et même d'autres esclaves. Les assassiner ou les maltraiter était très sévèrement punis, de la peine de mort dans une écrasante majorité de cas.
En France, en 2008, les enfants d'une famille endettée peuvent recevoir les dettes en héritage, et devoir continuer de les payer. Premier point.
Second point, en cas de saisie des biens (liquidation judiciaire), la loi prévoit :
« Après avoir statué sur les éventuelles contestations de créances, le juge prononce la liquidation judiciaire du patrimoine personnel du débiteur.
Une fois la liquidation prononcée, il ne pourra plus disposer de ses biens.
En sont exclus :
les biens meublants nécessaires à la vie courante (tables, cuisinière, lits,...),
les biens dont les frais de vente seraient disproportionnés au regard de leur valeur vénale,
les biens indispensables à l'exercice de l'activité professionnelle (voiture,...) du débiteur.
Le juge désigne un liquidateur qui a douze mois pour vendre les biens à l'amiable (il en avertit le débiteur ainsi que ses créanciers par lettre simple) ou par vente forcée.
Lorsque le débiteur est propriétaire, son logement peut être également vendu.
Le juge, qui a déterminé la mise à prix des biens et les conditions de la vente, répartit le produit des ventes entre les créanciers pour rembourser les créances (les frais éventuels sont mis de côté). »
Un autre extrait du même site : Sommes insaisissables
« Ce sont les indemnités et allocations pour charge de famille, les rentes d'accident de travail.
Toute personne faisant l'objet d'une saisie sur rémunérations doit pouvoir disposer d'un minimum vital, égal au montant du revenu minimum d'insertion (RMI).
La fraction insaisissable du salaire ne peut être inférieure au RMI (pour un allocataire).
Cette somme est de 447,91 EUR par mois au le 1er janvier 2008, sans majoration pour charges de famille. »
Donc, il est possible non seulement de voir ses biens quasi intégralement vendus, mais également de travailler uniquement au remboursement de sa dette, ne recevant que le minimum vital pour survivre. En considérant que les esclaves aztèques ne payaient ni loyer, ni nourriture, il en ressort qu'ils étaient certainement moins exploités que notre endetté français du 21e siècle.
Extrait de « L’essence du néolibéralisme », par Pierre Bourdieu, Mars 1998.
« Comme le marxisme en d’autres temps, avec lequel, sous ce rapport, elle a beaucoup de points communs, cette utopie suscite une formidable croyance, la free trade faith(la foi dans le libre-échange), non seulement chez ceux qui en vivent matériellement, comme les financiers, les patrons de grandes entreprises, etc., mais aussi chez ceux qui en tirent leurs justifications d’exister, comme les hauts fonctionnaires et les politiciens, qui sacralisent le pouvoir des marchés au nom de l’efficacité économique, qui exigent la levée des barrières administratives ou politiques capables de gêner les détenteurs de capitaux dans la recherche purement individuelle de la maximisation du profit individuel, instituée en modèle de rationalité, qui veulent des banques centrales indépendantes, qui prêchent la subordination des Etats nationaux aux exigences de la liberté économique pour les maîtres de l’économie, avec la suppression de toutes les réglementations sur tous les marchés, à commencer par le marché du travail, l’interdiction des déficits et de l’inflation, la privatisation généralisée des services publics, la réduction des dépenses publiques et sociales. »
La Chine, pour en revenir à elle et à Marx, régime communiste en pleine « modernisation », n'est pas un reste d'un ancien monde. Elle est la vitrine, l'éprouvette, de ce a quoi aspire le néolibéralisme. Elle n'est pas en train de se fondre dans le monde moderne, c'est le monde moderne qui est en train de se fondre dans un système approchant. A l'heure actuelle, les multinationales n'attendent pas des ouvertures ou des aménagements de la part des politiques, elles attendent qu'ils légalisent partout ce qu'elles pratiquent déjà ailleurs. Quand bien même elles le voudraient, leurs propres règles font qu'elles ne peuvent plus revenir en arrière : elles sont prisonnières de leur propre logique.
Et l'être humain, dans tout ça ?
Dans le monde qui s'annonce, l'individualisme a de beaux jours devant lui. Toutefois, plus sous les traits d'un individualiste créatif, aspirant à la liberté. C'est un individualiste instrumentalisé dans un unique but de rendement. Être le meilleur, le plus « utile », celui dont on ne se séparera pas, dont on a besoin. Celui qui est presque satisfait, renforcé qu'il est dans sa position, quand d'autres sont remplacés, ou licenciés. C'est tout simplement rechercher à atteindre le poste du bourgeois quand on est un simple serf. Dans ce monde qui s'annonce, l'homme est défini dans un cadre, une petite cellule au plafond très bas et aux sous-sols presque infinis. Un jeu ou l'on ne peut que perdre si l'on en est pas le meneur ou l'arbitre. Le seul recours est de ne pas jouer, mais cela deviendra de plus en plus difficile de passer entre les mailles du filet au fur et à mesure que les aides sociales disparaitront, aides indispensables à la réalisation de tout projet réellement indépendant.
La fin des rêves ?
Le néolibéralisme, monstre de Frankenstein né des restes des anciens régimes, est une réalité avec laquelle il faudra de plus en plus compter. De tous ses aspects inhumains, il y en a cependant un qui ressort véritablement. Dans toutes les anciennes utopies, le but, au final, était de faire évoluer l'humanité, de servir l'homme. Elles étaient de grands projets, et même si les moyens qu'elles utilisaient étaient parfois tout simplement terrifiants, il y avait au final une idée, un idéal. Ce n'est pas le cas du néolibéralisme, qui est une pensée purement rationnelle, le plan de quelques uns pour asservir et utiliser des milliards d'autres.
Une chose qui m'inspire la citation suivante, avec laquelle je terminerais cet article :
« Même en Enfer, régner est digne d'ambition; mieux vaut régner en Enfer que de servir au Ciel. »
[ Le Paradis perdu (1667), I, 1 ]
John Milton
Liens/Sources :
http://www.monde-diplomatique.fr/1998/03/BOURDIEU/10167
http://www.businessweek.com/magazine/content/06_48/b4011001.htm